top of page

En un siècle, notre civilisation humaine a bien grandi. Elle a même fini par se lancer à la conquête du système solaire. C'est d'ailleurs un peu la dernière chose qui enthousiasme encore l'Humanité, parce que sur la planète de moins en moins bleue du fait de la pollution, l'instabilité mondiale reste ce qu'elle est....

Ayant terminé sa transition démographique, la population mondiale s'est stabilisée vers 2050 autour de 11 milliards d'habitants, mais elle est de plus en plus vieillissante : l'âge moyen de l'Humanité dépasse 40 ans.

 

Les Etats ont connu leur grande vague conservatrice dans la première moitié du XXIème siècle. Mais après 30 années de retour à des régimes forts, à la course à l'armement et à la religiosité étouffante, la plupart des états sont criblés de dettes et considérés comme incapables d'assurer le bonheur des gens.

 

L'opinion publique plébiscite l'individualisme, la réussite personnelle et l'entreprise privée. Une nouvelle génération de sociétés transnationales dynamiques multiplient les partenariats publics-privés généralement très avantageux pour ces derniers et rendent de nombreux services autrefois assurés par les états (police, école, santé, exploration spatiale)

 

De plus les stocks de pétrole sont dangereusement surexploités. La nécessité d'une nouvelle énergie non polluante est indispensable. L'Helium 3 apparaît comme la solution miracle. 800 tonnes de ce gaz permettent d'alimenter la planète en énergie pour un an. S'il est rarissime sur Terre, il y en a énormément sur la Lune. L'Humanité tourne les yeux vers le ciel. 

 

La ruée vers l'Helium 3 entraîne le retour de l'Homme sur la Lune. Cela accélère aussi  l'exploration spatiale qui devient clairement rentable. D'autant que Mars semble contenir des minerais et des terres rares qui commencent à s'épuiser sur Terre. On se met même à regarder plus loin. La ceinture d'astéroïde est encore plus riche en minerais précieux. Coloniser Mars, c'est se rapprocher de ce nouvel eldorado potentiel.

 

Au tournant du siècle, plus de 15 millions de personnes vivent sur la Lune sur des bases autonomes. Près d'1 million dans l'espace dans des stations ou des exploitations minières. 20 000 sur Mars. Vénus et son atmosphère d'acide sulfurique est jugé inutilisable, par contre on commence à exploiter Mercure que ce soit comme prison ou comme base d'expérimentation du matériel en condition extrême. Avec l'Helium 3 lunaire, un projet international de terraformation de Mars sur 50 à 60 ans est envisagé. Il faudra des quantités énormes d'énergie mais la possibilité de faire de cette planète un double de la Terre (ce qui est impossible avec la Lune) est clairement un objectif qui enthousiasme l'Humanité.

 

Parallèlement l'informatique, la cybernétique et la robotique se sont largement dévéloppées. Non seulement implants et prothéses bio mécaniques sont devenues monnaies courantes mais les premiers modèles d'androïdes ou humains synthétiques font leur apparition et remportent un vif succès pour nous débarasser des tâches domestiques les plus ingrates. Bien sûr tout le monde ne les voit pas d'un bon oeil, mais il y a toujours des gens pour s'inquiéter du progrès. Parfois à juste titre, les Intelligences Artificielles informatiques ne sont elles pas sévérement limitées par la loi après que l'algorithme du moteur de recherche Google ait dû être définitivement débranché lorsqu'on s'est aperçu en 2024 qu'il devenait un être conscient et autonome.

 

En 2094, ce fut le grand tournant: suite à des tensions politiques avec leurs nations d'origine et voulant davantage contrôler les bénéfices de l'exploitation énergétique, les stations lunaires font sécession et proclament unilatéralement l'indépendance et l'unité du satellite. Beaucoup murmurent que les grandes firmes qui gèrent le business spatial ont soutenu et peut-être même encouragé cette volonté d'indépendance. Divisés sur la conduite à tenir, coincés par leur dépendance énergétique à l'helium 3 lunaire, la plupart des Etats terrestres sont obligés de laisser faire et par la suite se désintéressent de plus en plus de la conquête spatiale. Luna devient officiellement le 244 ème état souverain de l'ONU.

 

Au début du XXIIème siècle, la société européenne TechniCore révolutionne l'ingénierie spatiale avec ses moteurs Coriolis qui divisent par 6 le temps de trajet dans l'espace. S'il faut désormais moins d'une journée pour aller sur la Lune, il faut tout de même encore un mois pour arriver sur Mars, deux pour la ceinture d'astéroïde, quatre pour la banlieue de Saturne, là où se trouvent pour l'instant les installations permanentes les plus lointaines de l'Humanité.

 

Un progrès qui permet malgré la distance d'envisager exploiter l'Hélium 3 de Titan, une alternative bienvenue au quasi monopole lunaire qui a fait flamber les prix de l'énergie. TechniCore n'est d'ailleurs pas la seule société à avoir créé une base minière sur cette boule de glace lointaine, à l'atmosphère orangée, aux océans de méthane liquide et aux tempêtes dévastatrices. 

 

Jamais cependant l'Homme ne s'est installé aussi loin de son berceau initial. Dans la noirceur hostile de l'espace, sous le regard imposant de l'énorme planéte gazeuse aux anneaux scintillants, là où le soleil n'est pas plus gros qu'une tête d'épingle et où notre planète bleue n'est même plus visible à l'oeil nu...

 

 

Des humains vivent.

Des humains travaillent.

Et parfois même des humains meurent...

 

 

 A seize semaines de la Terre. 

 

 

 

 

 

 

bottom of page